21 août, 2012

Ma vie de garçon

Si j'étais un garçon, je serai grand et fort. Je serai fier aussi mais personne ne m'en voudra parce que justement je serai un garçon.
je rentrerai tard le soir et on ne me posera pas de questions, plus jamais de ces "t'étais où et avec qui ?" ou encore de "ch7al f sa3a daba?"; je ne frôlerai pas la crise de nerfs parce qu'il est 22h passée, que je suis seul et que les rues se vident, je n'aurai pas peur du mec suspect qui traverse de l'autre côté ni de l'ivrogne qui pue la Spéciale. Je n'embêterai pas non plus les filles, mais je saurai leur parler, je n'aurai surement pas l'air d'un pauvre con pervers et obsédé.
Je n'aurai pas peur des insectes et autres petites bêtes, j'irai les écraser avec bravoure, j'écouterai le petit "crash" que ça fait, et j'éprouverai un plaisir sadique. Quand quelqu'un m'énervera j'irai lui coller un bon coup de poing dans la gueule, ponctué par un beau juron et personne ne dira "ce n'est pas joli". Je taperai fort parce que je le pourrai. J'aurais un joli côté macho.
Si j'étais un garçon, je dirai ce que je penserai, spontanément, de façon crue et sans trop y penser et je n'attendrai pas que l'on me donne le droit à l'expression qu'on me comprenne ou qu'on me montre mes droits. Je serai maître de ma personne et personne ne décidera pour moi.
J'aurai ma vie devant moi, des choix à faire et je serai celui que je voudrai.

Je n'aurais pas peur de tout ce que peuvent penser les autres de moi, je suis l'homme, je n'ai pas à avoir honte, on ne me jugera jamais et je pourrais faire autant de conneries que je voudrais ça ne mènera jamais à des discussions sur l'éthique, Lhchouma et autres.


07 août, 2012

Dites moi quelle langue vous parlez, je vous dirais qui vous êtes.

Je suis marocaine, chez moi on parle Darija, mais comme j'ai des origines Chleuh on parle berbère aussi.
A la maternelle j'ai appris mes premiers mots français, je disais goûter, puzzle, vélo et d'autres. Honnêtement, je préférais faire des dessins.
Plus tard j'ai appris à écrire et à lire français et arabe classique, c'était un peu compliqué. Mais j'étais trop jeune pour me plaindre.
Au collège, j'ai eu mes premières leçons d'anglais. J'ai fais l'incroyable découverte de  l'American Spirit et tout ce qui vient avec, de quoi faire rêver une classe d'adolescents du tiers monde.
Bientôt je parlais couramment toutes ces langues. J'étais fière.
Bien évidemment l'arabisation du système scolaire voulait qu'à ce stade, je prenne tous mes cours en arabe classique; maths, physique et biologie compris. C'était pas évident.
A l'université ils ont changé d'avis, ils me veulent un enseignement français de haut niveau (parce que l'Arabe ça le fait pas apparemment) . J'ai un peu galéré.
Ils ont aussi jugé bon de me donner des cours d'initiation en espagnol et en allemand. Ça ne m'a pas plu.
Je ne savais plus qui j'étais, si j'étais marocaine tout court ou si mon identité berbère  me différenciait des autres. Je ne savais pas si l'arabe classique était ma langue vu que j'étais musulmane ou s'il valait mieux l'abandonner, avouons le, son côté l'empêchait d'évoluer. Je ne savais pas si je vivais toujours sous un protectorat (fictif?) français ou, si j'étais victime d'une mondialisation qui bafouait ma culture et prônait une autre, américaine, totalement étrangère et illusoire. Je ne reconnaissais plus ma langue.
Je lisais des écrivains marocains d'expression française, et je lisais d'autres en arabe et je leur trouvais à tous  un aspect indiscret; ils étaient étrangers aux mots qu'ils utilisaient, mal à l'aise et à l'étroit.
Je ne demande pas grand chose, je veux seulement que l'on cesse de jouer les schizophrènes, je ne demanderai pas pourquoi l'Amazigh est désormais inclus dans nos programmes scolaires, ni pourquoi la Darija n'est pas une langue officielle du pays. Je veux seulement que l'on me rende ma langue quelle qu'elle soit.

04 août, 2012

Le compost

S'il y a bien une chose que je déteste pendant le ramadan (mis à part le fait de pas manger bien sûr) c'est bien l'haleine des gens, ou ce que j'aime bien appeler "Le compost"



Mon dieu ! ça sent le poisson des briwates et la chbakia en décomposition à longueur de journée.